Claire Labelle

Biographie de l’artiste

Démarche artistique

L’Oshibana, l’art de peindre avec les fleurs, est un art ancestral méconnu au Québec et au Canada. Originaire du Japon, il est pratiqué depuis le début du 16e siècle. En remontant l’histoire, on se rend compte que les premiers exploitants de l’art des fleurs pressées étaient les samouraïs. En effet, cet art faisait partie de la formation des jeunes samouraïs pour leur permettre d’entrer en harmonie avec la nature et de développer patience, dextérité et concentration. Aujourd’hui, dans les pays d’Asie, d’Europe, d’Amérique du Sud ainsi qu’aux États-Unis, cet art se transmet et se développe par des regroupements internationaux, qui partagent leurs savoirs, définissent les standards d’excellence et font valoir le travail de leurs membres par des expositions à portée internationale.

C’est la qualité des fleurs utilisées qui, à la base, crée la différence. Le secret est de sélectionner des fleurs fraîches de qualité supérieure, de les traiter et de les sécher aussi rapidement que possible. Cela implique de cultiver les fleurs soi-même. À travers les ans, je suis arrivée à composer un jardin qui me permet de cultiver l’ensemble des plantes qui me sont utiles. Le choix de ces plantes se fait en fonction de leur capacité à conserver, le plus possible, leur couleur originale, leur forme et leur texture. C’est la qualité et la variété des espèces de végétaux cultivés et la quantité de fleurs et autres matières organiques cueillies et transformées qui me procurent de plus grandes possibilités au niveau de la création. Plus de deux cents variétés de fleurs sont utilisées à cette fin et environ 10 000 fleurs sont cueillies chaque année.

Tout le travail de création commence ici. Les méthodes de transformation et de pressage des fleurs sont choisies en fonction du résultat escompté. Lorsque le pressage est réussi, les fleurs me permettent de créer des nuances de couleurs, de formes et de textures qui donnent l’illusion de la perspective, du relief et des jeux d’ombres et de lumières à l’œuvre.

La technique reconnue, à travers le monde, pour créer les œuvres d’Oshibana consiste à agencer et à coller les fleurs sur un carton épais, d’insérer l’œuvre réalisée entre deux vitres et de sceller ces vitres en faisant le vide d’air. Au final, l’œuvre est encadrée.

Je souhaite faire quelque chose de différent et innover en développant ma propre façon de faire. Par intuition, et dès le début de mon travail de création, je me disais que les fleurs et le bois, utilisé comme support, étaient deux matériaux nobles qui se mariaient bien ensemble. Afin d’assurer la durabilité des œuvres réalisées, je suis arrivée, à développer une combinaison d’enduits de finition assez doux pour respecter la fragilité des fleurs, mais assez résistants pour en cristalliser la fraîcheur de l’été.

Dès ses débuts, la Mosaïque fleurie offrait des créations exclusives, décoratives et utilitaires qui visent à faire partie du quotidien. Ces créations revêtent toutes sortes de fonctions: porte-vêtements, plaques d’interrupteur, articles de bureau, boîtes variées et plus encore. Depuis deux ans maintenant, la Mosaïque fleurie développe un volet plus artistique et expressif en utilisant pour médium les fleurs dans un travail pictural, afin d’exploiter au maximum toute la noblesse, la finesse et la grâce de l’Oshibana.

La nature est une source d’inspiration presque infinie. La fragilité et la délicatesse des matériaux transformés qui en découlent inspirent le respect, le calme, la douceur et la joie de vivre. Les fleurs, les végétaux, les matières organiques font appel à un sentiment de vérité, de sincérité absolue. Mes créations sont imprégnées de ce sentiment, les fleurs encouragent la beauté des êtres et des choses, offrent une vision rassurante pour l’âme et ne laissent pas de place aux idées sombres. Dans les mois, les années difficiles qui semblent poindre à l’horizon, je souhaite mettre un baume sur la difficulté de vivre et faire ressortir les qualités vraisemblables de l’être humain.